jeudi 2 janvier 2014

De l'utilité de l'influence

A l'échelle de l'espèce nous interférons tellement avec la nature, et ceci sur de si nombreux processus, qu’il peut paraître surprenant que nous n'ayons pas pris en mains notre propre adaptabilité collective.
Il nous serait pourtant utile d’avoir une activité consciente et volontaire de facilitation de la régulation et de l’évolution des comportements individuels et collectifs (ou au moins, de ce que les comportements individuels ont comme conséquences collectives).




Je ne parle pas du mythe, parfois nauséabond, d'une "ingénierie sociale" qui voudrait fabriquer des phénomènes sociaux artificiels (Je ne nie pas, bien évidemment, que l'idée de pouvoir produire des comportements de synthèse, comme on produit des molécules de synthèse, soit séduisante, ce serait une sacrée étape dans le questionnement existentiel !). Il s’agit ici - plutôt comme dans le projet de la médecine qui utilise la connaissance des phénomènes biologiques - de comprendre la phénoménologie sociale et comportementale pour augmenter la maîtrise que le groupe possède sur son propre fonctionnement.

Une analogie pourrait être le fait de rendre conscient et volontaire le processus homéostatiqueL'organisme est profondément voué au maintien de l'homéostasie, c'est à dire qu'il régule spontanément son équilibre face aux conditions extérieures qui sont variables (c'est un système qui se régule sans aide extérieure, auto-régulé)

Par exemple quelle que soit la quantité de sucre que l'on ingère (lors des repas particulièrement) l'organisme s'efforce d'en conserver une quantité donnée dans le sang (vous avez étudié ça au lycée normalement, plus de détails ). Mais il arrive que l'auto-régulation ne fonctionne plus, c'est le diabète. 
Que fait un individu atteint de cette maladie ? Il pallie volontairement et consciemment les dysfonctionnements du mécanisme involontaire et inconscient, par un contrôle externe à l’organisme proprement dit (en l’occurrence au moyen d'injections d'hormones). 
De la même façon, l'état des sociétés, des groupes et des individus est le résultat de mécanismes d'auto-régulation, sociaux, cognitifs, etc.. Puisqu'il y là une mécanique, si elle tend à produire des résultats peu désirables, il est possible de leur substituer une action volontaire et consciente. 
Bien sûr on peut se tromper et bien sûr c'est loin d'être facile. Il n'y a qu'à voir comment les économistes peinent sur l'économie réelle pour s'en convaincre..

Quelles que soient les difficultés, il se trouve que nous disposons d'outils qui permettent de comprendre les phénomènes sociaux et par suite qui permettent de peser sur les comportements individuels, et ceci sans recourir à la contrainte ou à des processus politiques dans le temps long.
Je ne prétends pas posséder de solution miracle ou de panacée, mais je pense que nous disposons aujourd'hui de nombreuses connaissances fondamentales - notamment en psychologie et toutes disciplines qui permettent de comprendre les comportements - qu'il suffirait d'appliquer sur le terrain pour que nous bénéficiions d'un contrôle sur notre capacité d'adaptation.
En conséquence (et si nous parvenons à exercer ce contrôle avec une maîtrise suffisante), la possibilité d'augmenter notre puissance d'adaptabilité est à portée de main.
J'ai bien conscience de l'ambition de ce projet, et du fait que je suis loin d'être le seul à en parler. Hors de la vision d'ensemble, le bénéfice pratique est de disposer d'une approche pertinente pour contribuer à la résolution de certains problèmes de nos collectifs. Ils sont nombreux qui dépendent du manque d'adaptabilité des comportements ou du manque d'adéquation des stratégies utilisées avec l'adaptabilité des comportements..




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