lundi 6 janvier 2014

La mise en commun des bactéries dans les piscines

Les fortes quantités de chlore utilisées dans les piscines ont des conséquences sanitaires délétères sur les usagers et personnels (notamment des maladies professionnelles comme l'insuffisance respiratoire chronique, des détails ici). Ce problème est généralement considéré comme appelant une solution technique, mais il ne semble pas exister aujourd’hui de dispositif de traitement de l’eau qui soit suffisamment efficace pour assurer une eau de baignade acceptable sans recourir au chlore.



Je précise que ce problème semble appeler une solution "technique", car c'est une composante récurrente, et notre approche "psychologique" a en général pour tout premier pas de proposer une solution plutôt "sociale", ou en l’occurrence "comportementale".
Une collègue psychologue et moi-même avons donc élaboré un projet de recherche visant à pallier ce manque par une solution comportementale. Il s’agit de réussir à réduire l’apport de pollution pour supprimer ou minimiser le besoin du recours au chlore, c'est-à-dire d'inciter les usagers à se laver avant d'accéder aux bassins.
Bien sûr des dispositifs d’information et de communication ont déjà été testés sur le terrain, mais ils ne semblent pas suffisants. Si le public lisait les affiche qui sont censées l'informer, cela se saurait... Faudra que je développe un peu ce sujet dans un futur billet. 

Le but de ce projet est donc d’identifier, au moyen des concepts et théories psychologiques, un dispositif d’influence sur les comportements capable d’inciter efficacement les usagers des piscines à modifier leurs habitudes pour recourir à la douche savonnée avant l'accès aux bassins.
La méthodologie serait classique mais déclinée sur deux catégories d'usagers propres aux piscines, les usagers individuels et les groupes (sportifs, scolaires) avec des enjeux spécifiques pour les deux, mais un même principe d'étude et d'action :

  1. Etat des lieux des attitudes et comportements : Identifier les causes du non-recours au comportement souhaité (prendre une douche savonnée) et l’acceptabilité de ce comportement (comprendre pourquoi il n’est pas adopté). 
  2. Test comparatif : Tester, sur le terrain, différents dispositifs d’influence pour évaluer comparativement leur influence réelle sur les comportements. Deux grandes pistes sont à envisager a priori, la persuasion (convaincre) et l’engagement (faciliter le passage à l'acte) et à comparer avec la situation actuelle.
  3. Suivi et mesure des effets à long termes : On peut supposer qu’une fois atteint un certain seuil – une certaine proportion d’usagers prenant une douche savonnée, fréquemment sinon systématiquement, avant d’accéder au bassin – le comportement se maintienne et se diffuse spontanément, par effet de norme ou d’imitation.

Les décisionnaires que nous sommes parvenus à rencontrer (c'est très très long..) se sont montrés intéressés mais malgré l'utilité du projet et ses retombées potentielles (sanitaires et économiques puisque le retraitement de l'eau coûte très cher) nous essayons toujours de trouver les partenaires et financements nécessaires pour mettre en oeuvre cette recherche. 


2 commentaires:

  1. Une intuition après avoir vu un gamin vomir ds une piscine : ces tx élevés de Cl ne servent-il pas à prévenir la contamination par ce type de pollution ( urine, crachat, déjections) plutôt que celle issue de la transpiration ? Autrement dit, le fait de se doucher correctement en amont va t'il baisser significativement la quantité de bactéricides employés ? Après, ton idée reste intéressante d'un point de vue comportemental.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En fait ce sont les spécialistes de l'hygiène et du traitement de l'eau qui disent que le recours à la douche savonnée ferait une forte différence, pour moi le projet est de trouver comme faire pour que les gens s'y mettent. J'imagine qu'un vomi, aussi dégouttant que cela soit, est exceptionnel, alors que les bactéries de la peau des personnes (surtout vers les aisselles et certaines zones du pelvis) sont systématiquement mélangées dans le bassin.. C'est d'ailleurs un futur sujet de post, la différence entre la chose perçue (l'impression de saleté) et le réel (la quantité objective de bactéries).

      Supprimer